La réadaptation cardiovasculaire à l’ICUO durant la pandémie de COVID-19 : le recours au virtuel pour des soins exemplaires

Bonnie Quinlan, directrice, Prévention et réadaptation

Dre Thais Coutinho, cardiologue et chef, Prévention et réadaptation cardiaque, présidente, Centre canadien de santé cardiaque pour les femmes

Jennifer Harris, gestionnaire, programme de réadaptation cardiovasculaire pour les patients de consultation externe et programme d’approche régional

Contexte

La pandémie de COVID-19 a eu une incidence sur la santé physique, mentale et affective de tous les patients, familles et membres du personnel à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO). Les maladies cardiovasculaires n’en demeurent pas moins la première cause de décès au Canada et partout dans le monde. La réadaptation cardiovasculaire (RC) aide à prévenir de nouveaux événements cardiaques, et sa capacité de réduire le risque de mortalité et de réhospitalisation est reconnue. Fait très important, elle améliore aussi la qualité de vie de nos patients. Partout au Canada durant la pandémie, les programmes de RC ont dû interrompre leurs activités en personne à l’hôpital en raison des mesures de lutte contre les infections et de la réaffectation du personnel de RC à d’autres tâches. Ces changements risquaient de considérablement affecter le rétablissement et l’évolution de l’état de santé des patients. Après un événement cardiaque, il est important d’accéder au soutien multidisciplinaire de la RC dès que possible, et c’est d’autant plus vrai en période d’incertitude. C’est pourquoi le programme de prévention et réadaptation cardiaque de l’ICUO a rapidement opté pour un modèle de prestation virtuel à la fine pointe et basé sur les meilleures pratiques pour assurer la continuité des services.  

Les défis du virtuel

L’ICUO offrait déjà la RC à distance depuis plus de 20 ans, mais à beaucoup plus petite échelle. De plus, une partie du programme, comme la mesure de certaines valeurs (tension artérielle, fréquence cardiaque) et les évaluations de référence, se déroulait sur place. La pandémie nous a forcés à passer rapidement en mode 100 % virtuel. Ce changement a soulevé des questions. Serions-nous capables d’offrir un bon service à domicile à tous les patients? Il a fallu réfléchir à l’impact d’un tel changement pour les personnes souffrant déjà d’inégalités en matière de santé : celles qui n’ont pas d’appareil mobile ou d’accès à l’Internet, qui ont besoin d’un interprète et qui font partie de groupes marginalisés. De plus, le personnel soignant avait-il les connaissances technologiques nécessaires pour faire un virage aussi rapide? La réponse à toutes ces questions est oui! Grâce à notre équipe de RC motivée et déterminée, au dévouement de notre service de TI et au leadership de la direction, notre programme de RC est devenu 100 % virtuel presque du jour au lendemain!

Le nouveau programme de RC virtuel

Même durant les confinements, l’équipe a maintenu ses communications et les rendez-vous virtuels (par téléphone ou vidéo) avec tous les patients adressés au programme de RC. Elle a aussi déterminé quels patients il fallait voir sur place lorsque les bienfaits d’un rendez-vous en personne l’emportaient sur les risques. La direction de la RC a travaillé en étroite collaboration avec le personnel de lutte contre les infections pour assurer la sécurité de tous durant ces visites en personne. L’équipe a aussi conçu deux séries éducatives virtuelles (RC et insuffisance cardiaque) offertes à même EPIC, notre nouveau système de dossiers médicaux électroniques. Les patients ont ainsi pu passer par leur compte MyChart pour assister aux séances de RC virtuelles de leur domicile, si désiré en compagnie d’un proche ou d’un aidant. Les personnes qui n’avaient pas accès à un appareil ou à Internet avaient la possibilité d’y assister par téléconférence. Tous les participants ont continué de recevoir un suivi individualisé de la part de leur gestionnaire de cas ou mentor.

L’équipe a également tenu des groupes de discussion formés de patients pour commenter le contenu élaboré pour chaque séance. Un sondage a aussi été envoyé aux patients à la fin du programme de RC pour recueillir leur avis et mieux comprendre comment améliorer le programme.

De bons résultats

Grâce à divers gains d’efficacité amenés par le passage de la RC en mode virtuel durant la pandémie, notre programme de RC est le seul en Ontario à n’avoir jamais cessé d’accepter de nouveaux patients. Notre volume de patients en RC a même augmenté de plus de 25 %, et le taux d’inscription, de 11 %! Nous offrons des services de RC à un plus grand nombre de personnes que jamais!

Commentaires des patients

Maintenant que la vie reprend son cours, nous avons repris les séances d’information et d’exercices en personne à l’ICUO, tout en continuant d’assurer la sécurité des patients et du personnel. La RC virtuelle est encore très populaire auprès des patients, qui privilégient souvent un mode hybride incluant aussi des séances en personne.

Le plus important, bien sûr, c’est ce que pensent nos patients de nos nouveaux services virtuels : 

« Programme très bien conçu, informatif et complet. »

« Tout le monde y mettait beaucoup de cœur, je sentais que c’était plus qu’un travail. »

« J’ai beaucoup évolué, de bien des façons. Les séances d’exercices hebdomadaires et les séances d’information m’ont donné beaucoup d’assurance. Je peux mieux prendre soin de moi, et ça m’aidait de voir (sur Zoom) d’autres personnes qui étaient dans le même bateau que moi. »

« Pas besoin d’utiliser l’horrible stationnement : pour moi, c’était un avantage majeur. »

La pandémie de COVID-19 a été très éprouvante pour le système et le personnel de santé, mais elle a aussi forcé certains changements positifs. La croissance de notre programme de RC virtuel malgré l’adversité traduit bien l’engagement et la capacité d’adaptation et notre équipe de RC, ainsi que l’appui de nos patients et leur confiance envers nous.