Les diagnostics tardifs compliquent le traitement de la maladie du coeur chez les femmes davantage que le biais lié au sexe

Une étude vient amenuiser l’importance du biais lié au sexe dans le choix des stratégies chirurgicales cardiaques

CHICAGO, 28 septembre, 2017 — S’il est vrai que les femmes atteintes de maladies cardiaques reçoivent généralement moins souvent des revascularisations complètes avec greffons artériels, ce ne serait pas dû simplement au biais lié au sexe. Des facteurs, comme le diagnostic tardif des maladies coronariennes chez les femmes, pourraient plutôt expliquer les différences dans les stratégies de traitement adoptées, selon une étude publiée en ligne aujourd’hui dans The Annals of Thoracic Surgery.

« Il semble qu’au moment où les femmes se présentent avec une maladie cardiaque, elles sont un peu plus âgées et présentent plus fréquemment des comorbidités comme l’obésité ou le diabète, explique le Dr Fraser D. Rubens, de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, au Canada. La conséquence, c’est que les risques associés à l’opération incitent les chirurgiens à opter moins souvent pour des revascularisations complexes de plusieurs artères chez les femmes que chez les hommes. »

À partir de la base de données de l’Institut de cardiologie d’Ottawa, le Dr Rubens, le Dr Habib Jabagi et leurs collègues ont analysé les données de 19 557 patients qui avaient subi un pontage aortocoronarien entre janvier 1990 et mars2015. En se basant sur 45 variables prétraitement, ils ont sélectionné 1 254 patients (627 hommes et 627 femmes) qui présentaient des caractéristiques semblables dans le but d’observer les différences entre les deux groupes.

POINTS PRINCIPAUX

• Le biais lié au sexe n’est pas la raison pourquoi les femmes et les hommes reçoivent différents traitements pour la maladie du coeur.

• Les diagnostics tardifs font en sorte que les femmes sont traitées alors qu’elles sont plus âgées et qu’elles ont d’autres problèmes de santé.

• Des tests diagnostiques plus récents pourraient aider les médecins à diagnostiquer la maladie du coeur chez les femmes plus efficacement et plus tôt.

Après avoir ajusté les données en fonction de l’âge, du poids et des variables liées au diabète, les chercheurs n’ont pas relevé de différence entre le pourcentage d’utilisation de greffes bilatérales de l’artère mammaire interne ou de l’artère radiale entre les hommes et les femmes. En effet, les greffes bilatérales de l’artère mammaire étaient réalisées chez 31,9 % des hommes et chez 30,1 % des femmes et les greffes de l’artère radiale chez 44,5 % des hommes et 44,1 % des femmes. Cela dit, les femmes recevaient significativement moins de triples revascularisations que les hommes (7,3 % comparé à 10,5 %).

« La plupart des cliniciens tiennent pour acquis, à raison d’ailleurs, que les femmes reçoivent moins souvent des revascularisations multiples, mais pensent que c’est simplement dû à un biais lié au sexe du patient, continue le Dr Rubens. Cette étude montre que le sexe du patient ne joue pas un rôle déterminant dans cette décision. Une fois tous les facteurs de risques considérés, il n’y a rien qui justifierait que les femmes doivent subir moins de revascularisations multiples que les hommes. »

Selon les chercheurs, les femmes atteintes d’une coronaropathie sont désavantagées par rapport aux hommes, car elles ne sont pas soumises aux évaluations et traitements intensifs et effractifs de façon aussi systématique que les hommes. Ainsi, les hommes ont un meilleur accès à des traitements cardiaques efficaces (y compris les médicaments et les interventions de revascularisation), alors que les femmes demeurent non diagnostiquées pendant plusieurs années.

Les chercheurs ont expliqué qu’une raison qui pourrait expliquer le retard du diagnostic chez les femmes pourrait être que les stratégies actuelles de dépistage, comme les épreuves d’effort sur tapis roulant, ne sont pas aussi efficaces et précises chez les femmes. Des tests diagnostiques plus récents, comme les tomodensitométries et l’imagerie de perfusion myocardique, pourraient permettre aux médecins de contourner ces limites et de mieux diagnostiquer les coronaropathies graves chez les femmes afin de procéder plus rapidement à des interventions plus complexes, si nécessaire. Les chercheurs ont par ailleurs noté que l’estrogène pouvait avoir un « effet protecteur » qui pourrait retarder le développement de la maladie.

« En recevant un diagnostic plus tôt, les femmes pourraient se voir offrir des revascularisations alors qu’elles sont toujours en bonne santé. Elles auraient alors l’option de subir des revascularisations complètes et d’obtenir de meilleurs résultats postopératoires, a déclaré le Dr Rubens. Cette étude nous a donné la confiance de continuer à éduquer les chirurgiens quant à la faisabilité de procéder à des revascularisations multiples et nous encourage à opter pour cette stratégie en fonction du profil de risque du patient et non simplement en fonction de son sexe. »

Les maladies coronariennes sont la première cause de décès aux États-Unis, tant chez les hommes que chez les femmes. Le US Center for Disease Control and Prevention estime qu’environ 366 000 personnes sont mortes des suites d’une coronaropathie en 2015.

Médias :

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Judith Lachance Agente de communication Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa 613-798-5555 (17793) 613-806-0188 (cell) jlachance@ottawaheart.ca

Jabagi H, Tran DT, Hessian R, Glineur D, et Rubens FD. Impact of Gender on Arterial Revascularization Strategies for Coronary Artery Bypass Grafting. 10.1016/j.athoracsur.2017.06.054.

Vous trouverez des renseignements médicaux exhaustifs destinés aux patients présentés par des spécialistes en chirurgie cardiothoracique sur le site Web de la STC consacré aux patients (ctsurgerypatients.org, site en angais). Pour obtenir un exemplaire de l’article publié dans The Annals, veuillez communiquer avec Jennifer Bagley au 312-202-5865 ou à jbagley@sts.org.

Fondée en 1964, la Society of Thoracic Surgeons est un organisme sans but lucratif qui représente plus de 7 400 chirurgiens cardiothoraciques, chercheurs et professionnels de la santé de partout au monde et qui sont engagés à livrer les meilleurs résultats possibles pour les chirurgies du cœur, des poumons, de l’œsophage et d’autres interventions chirurgicales thoraciques. La mission de cet organisme est de contribuer à développer la capacité des chirurgiens cardiothoraciques à offrir les meilleurs soins aux patients possible grâce à l’éducation, la recherche et la sensibilisation.

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