Les entretiens du Beat : Dr F. Daniel Ramirez

The Beat s’est entretenu avec le Dr F. Daniel Ramirez pour en savoir plus sur son cheminement vers la médecine et sa passion pour l’électrophysiologie et la recherche cardiovasculaire.

 

Le Dr F. Daniel Ramirez est électrophysiologiste cardiaque et chercheur clinicien à la Division de cardiologie de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO). Il s’est beaucoup promené entre Kingston et Ottawa au début de ses études en médecine et s’est spécialisé à Bordeaux, en France, avant de revenir à l’Institut.

The Beat s’est entretenu avec lui (virtuellement, pandémie oblige) pour en savoir plus sur son cheminement vers la médecine et sa passion pour l’électrophysiologie et la recherche cardiovasculaire.

Voici un résumé de cette conversation.

The Beat : Vous rappelez-vous d’où est né votre intérêt pour la médecine cardiovasculaire?
Dr Daniel Ramirez : C’est pendant mes études de premier cycle que j’ai su que je voulais faire carrière en médecine et en recherche clinique. Pendant mon baccalauréat spécialisé en biochimie, en 2006, je me suis joint au laboratoire de biologie vasculaire du Dr Ed O’Brien, un cardiologue interventionniste et chercheur en sciences fondamentales. Ce fut mon premier contact avec la recherche biomédicale (et plus particulièrement la recherche cardiovasculaire), mais aussi avec la médecine et la cardiologie. À l’époque, l’équipe du Dr O’Brien comptait plusieurs personnes qui sont aujourd’hui bien connues : le Dr Benjamin Hibbert, la chercheuse Katey Rayner (Ph.D.), le Dr Trevor Simard et j’en passe. C’est à cette équipe que je dois mon intérêt pour la médecine et la recherche cardiovasculaire. J’ai de la chance d’avoir pu compter sur un mentor comme le Dr O’Brien, avec qui je garde d’ailleurs encore le contact.

Parlez-nous un peu de votre parcours universitaire. Où avez-vous étudié?
Je suis parti de Kingston (Ontario) pour faire mon baccalauréat en biochimie à l’Université d’Ottawa, que j’ai obtenu en 2007. J’ai remis les voiles vers Kingston pour étudier la médecine à l’Université Queen’s jusqu’en 2011, avant de revenir faire ma résidence en médecine interne et en cardiologie à Ottawa. C’est là que j’ai passé un an à titre de chef résident en médecine interne. Le Collège royal m’a accordé la certification en médecine interne en 2014, puis en cardiologie en 2018. J’ai prolongé d’un an ma résidence en cardiologie pour faire une maîtrise en épidémiologie à l’Université d’Ottawa, où j’ai obtenu le prix de la meilleure thèse en 2019. Cette année-là, j’ai aussi fait une double formation complémentaire (fellowship) en électrophysiologie cardiaque à Ottawa. On m’a ensuite décerné une Bourse postdoctorale Banting des Instituts de recherche en santé du Canada, qui m’a permis de pousser encore plus loin ma formation en électrophysiologie cardiaque à l’Hôpital cardiologique du Haut-Lévêque et à l’Institut de rythmologie et modélisation cardiaque (LIRYC) de Bordeaux. Cette formation s’est terminée en 2020, et me revoici maintenant à l’Institut de cardiologie!

Quels sont vos champs d’intérêt cliniques et pourquoi les avoir choisis?
Je m’intéresse à presque toutes les facettes de l’électrophysiologie, mais tout spécialement aux tachyarythmies auriculaires – des troubles du rythme cardiaque tels que la fibrillation et la tachycardie auriculaires. Une personne sur quatre souffrira d’une fibrillation auriculaire au cours de sa vie. Même si c’est une affection courante, il reste encore beaucoup à faire pour mieux la comprendre. Nous avons fait des pas de géant au cours des dernières décennies, mais il demeure des questions fondamentales à élucider. J’ai voulu étudier à Bordeaux parce que c’est là qu’on a mis au point les techniques d’ablation des fibrillations auriculaires et d’autres arythmies. J’ai voulu découvrir leur approche à la source. Cette expérience m’a permis de mieux apprécier les complexités et les nuances de ces procédures d’ablation, ainsi que toutes les questions sans réponse sur lesquelles nous devons toujours nous pencher. C’est formidable que bon nombre de ces questions figurent aussi au programme de notre équipe de recherche clinique sur les arythmies. Nous estimons qu’en affinant nos connaissances et en découvrant des traitements novateurs, nous aurons un impact considérable sur de nombreux patients de l’Institut.

En quoi votre présence à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa enrichit-elle vos travaux?
L’Institut de cardiologie est un milieu de travail sans pareil. Ce n’est qu’en visitant d’autres centres et en travaillant ailleurs que j’ai pu apprécier à sa juste valeur le fait d’avoir un institut entièrement consacré à la médecine cardiovasculaire. Il est rare de trouver une telle concentration de savoirs et de compétences en la matière, tant sur le plan clinique qu’en recherche. Travailler ici m’oblige à rester vigilant – dans le meilleur sens du terme. En tant que chercheur clinicien, c’est un privilège d’être à l’Institut. J’ai l’occasion de pratiquer des interventions d’avant-garde, de soigner des patients qui souffrent de maladies complexes, de former la prochaine génération de cardiologues et d’effectuer des recherches de pointe, ce qui vient avec un sens du devoir et des responsabilités. Les milieux comme l’Institut sont rarissimes, alors on veut s’assurer d’en tirer pleinement parti et de bien faire les choses.

Qu’espérez-vous accomplir professionnellement à l’Institut de cardiologie?
L’Institut compte un groupe d’électrophysiologistes de très haut calibre, qui se démarquent tant par leurs habiletés que par leurs connaissances. Notre centre connaît l’un des plus importants volumes d’interventions électrophysiologiques au Canada. Le groupe a aussi une longue feuille de route côté recherche. Je tiens à contribuer à ces réussites, à faire partie de la formule gagnante. Je veux faire avancer le travail d’exception qu’effectuent mes collègues, et trouver des questions complémentaires auxquelles je peux moi aussi apporter des réponses, surtout en ce qui a trait aux arythmies auriculaires. Le groupe tout entier a pour principale priorité les soins aux patients, qui sont étroitement liés aux travaux de recherche auxquels j’aspire moi aussi à contribuer.

Si vous pouviez dire une chose à tous vos patients – quelque chose que tout le monde devrait savoir –, qu’est-ce que ce serait?
C’est une question difficile, parce que chaque patient est unique et vit sa maladie différemment. Ce qui compte pour l’un ne revêt peut-être pas la même importance pour l’autre. Les cliniciens adaptent donc leur approche de patient en patient. L’élément commun, toutefois, c’est que les patients sont au cœur de notre travail. Ça fait un peu cliché, mais je dois dire qu’on pense tous à nos patients au-delà des murs de l’hôpital, qu’on est tous enthousiastes lorsqu’un patient prend du mieux, et qu’on met des années à se remettre des cas difficiles. Du point de vue de la recherche, on estime tous que les travaux les plus importants sont ceux qui permettent d’améliorer les soins à nos patients. Ce sont eux, notre ultime motivation. C’est pour eux que nous sommes ici. Je crois que pour la plupart des patients, il est important de savoir que leurs médecins tiennent réellement à eux et font d’eux leur priorité. C’est ce que je voudrais savoir en tant que patient, et c’est ce que mes proches voudraient aussi. Voilà donc ce que je veux pour mes patients : qu’ils sachent que leur bien-être est ma priorité absolue.